Le sport populaire est peu traité médiatiquement. Cette situation n’est ni récente ni surprenante. Toutefois, l'évolution même de la notion de média, à travers l’explosion des réseaux sociaux par exemple, a redéfini les enjeux de sa visibilité.
S’il ne faut pas négliger le rôle des médias dans les processus de démocratisation des pratiques sportives auprès des classes moyennes ou populaires (que ce soit en termes de diffusion culturelle ou de valorisation sociale), la presse écrite, la radio ou encore la télévision apprécient surtout le sport dit « spectacle » et n’ont pas hésité à l’initier. Le Tour de France a par exemple été lancé en 1903 par le journal L’Auto, ancêtre de L’Équipe.
Face à cette logique dominante, le mouvement sportif ouvrier a cherché à s’appuyer sur la presse « amie » pour médiatiser le sport pour toutes et tous. Le quotidien, socialiste puis communiste, L’Humanité constituera ainsi un des vecteurs essentiels, jusque dans les années 1970, de la mise en lumière de l’activité des clubs ou des organisations sportives travaillistes. En outre, des fédérations comme la FSGT se dotèrent également d’organes officiels spécifiques dont Sport et plein air est aujourd’hui le fier héritier…
Enfin, il faut aussi signaler l’importance de la PQR (presse quotidienne régionale), qu’elle soit politique, telle La Marseillaise ou « simplement » d’information comme Sud Ouest, Dernières nouvelles d’Alsace ou Le Télégramme, dans le développement du sport populaire. On ne compte en effet plus les articles publiés chaque semaine pour évoquer la tenue d’une course cycliste, d’une randonnée ou même de l’Assemblée générale d’une association.
La presse…
Quels sont dorénavant les enjeux et la réalité de la médiatisation du sport populaire ? Cette question, somme toute assez banale, suppose de savoir de quel média parle-t-on. Car tout va en effet dépendre de son orientation idéologique (CNews ou le Journal du dimanche, appartenant désormais au groupe Bolloré, sont par exemple clairement situés à l’extrême droite), de son influence et de son « public ».
En outre, un premier constat doit être posé : le domaine du sport s’est affirmé comme l’un des « topics » les plus importants aujourd’hui et il ne cesse de progresser. La France continue d’ailleurs de connaître une configuration singulière avec un seul quotidien sportif de référence, L’Équipe, qui a étouffé dans l'œuf tous ses concurrents. Il dispose désormais d’une chaîne télé « en clair » dont l’émission phare, L’Équipe du soir, rassemble environ 700 000 spectateur·rices, parfois jusqu’à un million.
Toutefois, l’ensemble des grands médias traditionnels, à l’instar du journal Le Monde ou d’une chaîne d’information telle LCI, consacre un pourcentage significatif de leurs contenus aux activités physiques et le sport populaire peut occasionnellement y trouver un écho. Dans ce cadre, le walking foot, cette forme de football qui se joue sans contact et en marchant, a ainsi pu apparaître lors de reportages TV ou d’articles de journaux (sur BFM le 5 juin dernier et en décembre 2022 dans Le Parisien).
La médiatisation du sport populaire aujourd’hui semble également s’appuyer sur la spécificité de ces pratiques. En particulier si celles-ci questionnent ou renvoient à un sport dominant de plus en plus critiqué… De la sorte, tandis qu’il fallait annuler des épreuves-tests pour les JOP de Paris 2024 dans la Seine en raison de la mauvaise qualité de l’eau, le quotidien Le Parisien révélait le 26 août dernier que l’édition 2023 de « Nage ton canal », course en eau libre organisée par le Comité FSGT de Seine-Saint-Denis, s’était, elle, « s’est déroulée sans encombres dans le canal de l’Ourcq ».
De la même façon, et alors que les débats autour du sport et des question de genre se multiplient, la création d’un tout premier championnat de football mixte, par le Comité FSGT de Paris, a attiré l’attention du journal Libération qui a publié un article sur le sujet l’année dernière.
… et les réseaux sociaux !
Cette interaction, entre le développement du sport populaire sur la base de ses innovations, en miroir atypique du système sportif dominant, se retrouve également à travers le traitement médiatique de ses prises de positions dans les débats sociétaux ou politiques concernant le sport.
Alors que le Comité national olympique et sportif français traversait une grave crise après la démission de sa présidente, la candidature de Emmanuelle Bonnet Oulaldj permit une exposition évidente de la FSGT bien au-delà de son audience habituelle… « Elle qui présente le CNOSF comme "l’incubateur et le catalyseur du sport de demain" met un point d'honneur sur toutes les questions sociétales, notamment en termes de transition énergétique, de lutte contre les discriminations et les violences, d’accès aux hommes et aux femmes aux installations sportives », pouvait-on lire dans un article de Franceinfo publié le 28 juin dernier.
Dans Le Monde (08/07/23), Clément Rémond, coprésident du Comité FSGT de Seine-Saint-Denis, expliquait pourquoi un collectif s’était réuni fin juin à propos de l’héritage des JOP 2024 :
« Le but est d’aller vers un plan ambitieux pour le développement de la pratique sportive en France et en particulier en Seine-Saint-Denis, avec notamment la question des équipements sportifs publics ».
À cette médiatisation, somme toute assez classique, et qui pose évidemment la question de la maîtrise du discours et de l’image que l’on désire renvoyer vers « l’extérieur », s’ajoute désormais la forte présence du sport populaire sur les réseaux sociaux. Car en dehors des différents comptes officiels de la Fédération, la médiatisation de la FSGT s’opère surtout par ses clubs, ses Comités et/ou ses adhérent·es.
Les activités, les valeurs et le quotidien de la Fédération y transpirent chaque jour, au rythme de nombreuses publications et autres « stories », sans qu’il soit possible véritablement d’en mesurer l’ampleur. Mais cette capillarité sur les réseaux sociaux (52 millions d'utilisateur·rices dans l’Hexagone !) peut s’avérer centrale pour certaines disciplines. Citons par exemple le cas du MMA (la chaîne spécialisée Pancrace TV ayant diffusé les combats des premiers Championnats nationaux FSGT) ou bien encore celui de l’escalade.
La force d'impact des images sur Instagram, des gazouillements sur X (ancien Twitter) ou des montages vidéos sur Tiktok compose une grande partie des nouveaux pixels signifiants de la médiatisation du sport pour toutes et tous. Sans pouvoir prétendre représenter toute sa diversité, ils en diffusent toutefois une certaine idée en 2023…
JSM 2023 : l’exemple type
Les JSM 2023 de la CSIT, qui se sont tenus en Italie du 5 au 10 septembre derniers, ont parfaitement illustré la médiatisation actuelle du sport populaire. Outre une communication de Sport et plein air et son site Internet avant, pendant et après l’événement, les médias régionaux ont naturellement évoqué le parcours de sportif·ves FSGT y prenant part. « On vit quelque chose de dingue », déclarait Thomas Faucher, un des cinq Marseillais membres de l’équipe de football à 11 de la Fédération, dans les colonnes de La Provence le 8 septembre. « C'était nos Jeux olympiques. Tout simplement incroyable. » Et les réseaux sociaux ne manquèrent évidemment pas de mettre en lumière cette manifestation internationale. Via les comptes officiels de la FSGT, mais également ceux des athlètes. Sur le réseau social Instagram, le footballeur Christophe Andrieu n’a par exemple pas hésité à relater la superbe épopée des Bleus sur le réseau social Instagram…
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