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International l L'approche FSGT plébiscitée en Palestine !

Dernière mise à jour : 10 oct. 2023

La phase 2019-2023 de l’actuel projet Palestine de la Fédération vient de se terminer ! L’occasion, pour les professeur·es/superviseur·ses d’EPS et les animateur·rices sportif·ves palestinien·nes, d’insister sur le rôle qu’a eu la conception du sport FSGT dans sa réussite.

Festival sport pour tous Al Bustan, Jérusalem, novembre 2019 © Nina Charlier

« Pour une éducation physique et sportive émancipatrice pour toutes et tous » ! C’est ainsi qu’était intitulée la phase 2019-2023 de l’actuel projet Palestine de la FSGT. Terminée cette année donc, elle avait comme objectif d’inscrire l’accès à des pratiques sportives de qualité pour le plus grand nombre en élaborant une autre conception de l’enseignement de l’EPS et de l’animation sportive dans le pays, en proposant des projets dans le cadre de la coopération décentralisée et en faisant émerger un réseau d’agents palestinien·nes pour développer le sport pour toutes et tous. Le tout dans une visée émancipatrice et en appui sur le contexte politique et socio-culturel local…

Quelques semaines après l’organisation d’un premier séminaire de capitalisation et d’échanges sur cette phase en Palestine, la Fédération, en coopération avec la ville de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) et vingt autres collectivités territoriales françaises et palestiniennes partenaires et avec le soutien de l’Agence française de développement, la Caisse centrale d’activité sociale et le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, en a mis en place un second les 11 et 12 mai derniers.

Deux cent personnes, animateurs et animatrices sportif·ves, formateurs et formatrices, élu·es, responsables associatif·ves, professeur·es d’éducation physique et sportive et partenaires venu·es de Palestine, de Jordanie, d’Égypte, du Liban et de France se sont rendu·es à Vitry pour y prendre part et débattre autour de thématiques transversales.

« Le sport : un levier de l’émancipation en Palestine ? », « Quelle définition pour des politiques sportives émancipatrices pour toutes et tous ? », « Quelle organisation des animations sportives dans les espaces restreints et aux infrastructures sportives limitées ? » et « Quelle approche pour une pratique sportive émancipatrice pour toutes et tous ? » sont autant de questions que se sont posées les présent·es…

L’analyse de l’approche sportive FSGT a également été au centre de ces échanges. Se démarquant fondamentalement de la logique traditionnelle (qui consiste à découper le savoir de haut niveau), cette approche met le jeu au cœur des processus d’apprentissage de l’EPS et de la formation des éducateurs et éducatrices sportif·ves et a été développée autour de quatre principes garantissant l’organisation d’une animation de qualité pour toutes et tous : « entrée par le jeu », « mise en activité rapide », « tout le monde joue » et « continuer de jouer plus et mieux ».

Ces quatre principes sont simples, mais leur portée sur la démocratisation de l’accès aux pratiques sportives est importante. Lors de deux séminaires de capitalisation et d’échanges organisés, les acteurs et actrices palestinien·nes formé·es par la Fédération et des partenaires français ont souligné l’impact de cette approche dans le processus de démocratisation du sport pour toutes et tous dans leur pays.


1, 2, 3 et 4 !

Le premier principe (« entrée par le jeu ») a permis un changement des représentations stéréotypées sur le sport, une meilleure appropriation des activités physiques pour toutes et tous et une meilleure prise en compte des populations les plus éloignées de la pratique sportive : femmes et personnes en situation de handicap.

Pour Assil, animatrice sportive de la ville de Battir, ce principe a « beaucoup encouragé les filles et les femmes à faire du sport ou à être animatrices ou coordinatrices ». « L’activité physique n’est plus réservée aux garçons, c’est devenu un droit pour tous », ajoute Solafa, animatrice sportive dans Jénine.

Le deuxième principe (« mise en activité rapide ») a servi à augmenter le temps de pratique réelle. Selon Malik, animateur sportif à Saffa, son application l’a rendu « capable de développer et de modifier une activité sportive, qu’elle soit simple ou complexe, pour l’adapter aux différentes catégories d’âge ». Tandis que pour Sojoud, animatrice sportive de la région de Marj Ibn Amer, ce « principe m’a appris l’importance d’introduire progressivement les règles pour faciliter la compréhension du jeu par les enfants ».

Le troisième principe (« tout le monde joue ») a participé à une meilleure utilisation des espaces et de matériels disponibles. « Des solutions ont été inventées », affirme Saleh, animateur sportif du camp New Askar.

« Si le terrain est petit, on fait des petits groupes ».

De son côté, Inas, animatrice sportive de Jérusalem, a appris qu’il « faudrait toujours aménager et diviser le terrain pour que tous les enfants jouent pendant la séance ».

Enfin, le quatrième principe (« continuer de jouer plus et mieux ») a contribué à une meilleure organisation de l’offre de la pratique sportive sur un territoire. Il a également permis de passer d’une logique d’activité à une logique de cycle d’animation de huit à dix séances. Pour Mohamad, animateur sportif de Beit Sira, il faudrait d'ailleurs « faire beaucoup de séances d’une même activité afin que les enfants puissent s'approprier le jeu et progresser ». « Ce qui m’a plu, c’est qu’il y a eu une réelle transformation au niveau des séances d’EPS dans les écoles », poursuit Eman, superviseure d’éducation physique et sportive de Jérusalem.

« Les élèves sont devenus des acteurs de leur apprentissage. »

Une approche FSGT émancipatrice

Ces quatre principes ont été importants pour les Palestinien·nes. Leur analyse démontre comment la démocratisation de l’accès à la pratique sportive pour toutes et tous peut devenir un levier de renforcement du pouvoir d’agir et, par conséquent, d’émancipation individuelle et collective d’un peuple sous occupation.

Considérer l’accès à des activités physiques de qualité pour tou·tes comme un droit participe, dans ce contexte si particulier, à créer une dynamique locale visant à revendiquer l’accès à d’autres droits économiques, sociaux et culturels.

Tout au long de ces deux journées du séminaire de Vitry-sur-Seine, la question de l’émancipation a été au cœur des échanges. Et Manal, animatrice sportive de Jéricho, a justement précisé que le « sport n’est pas émancipateur en tant que tel, c’est surtout l’approche de la FSGT qui est émancipatrice ».

Cet énoncé invite la Fédération et ses partenaires à analyser en profondeur les projets Palestine et d’expliciter en quoi le sport peut-il constituer un levier d’émancipation pour les populations et les publics les plus éloignés de la pratique sportive ? Notamment les femmes, les personnes en situation de handicap et les habitant·es des quartiers prioritaires de la ville…


Jamil Kadi


 

2023-2026 : Place à la politique sportive palestinienne

Le sport participe à un processus d’émancipation individuel, collectif et politique. La définition de cette visée a d’ailleurs fait l’objet d’un long processus de travail avec les partenaires des collectivités palestiniennes lors de la dernière phase (2019-2023) du projet FSGT. Un processus pour l’élaboration d’une politique sportive locale a suivi et un séminaire, organisé en octobre 2022 en Palestine, a permis de finaliser une définition. Cette politique sportive inscrit l’accès aux « pratiques sportives comme un droit pour toutes et tous » afin d’accéder à la « culture sportive à travers l’adaptation des espaces et ressources pour assurer l’égalité et l’équité », tout en « permettant à toutes et tous de progresser en jouant ». Cette politique sera lancée lors de la prochaine phase du projet Palestine de la Fédération (prévue de 2023 à 2026) et nécessitera une intervention complémentaire en trois directions. La première à travers la mise en place de formes d’organisation, pour que l’accès au jeu de tou·tes soit équitable et ne soit pas accaparé par les meilleur·es ou les plus dynamiques. La deuxième se situera sur le plan des contenus et des conceptions, afin que cette activité suscite réellement des transformations et ne se limite pas à la répétition de gestes mécanisés, stéréotypés et détachés de leur contexte. Enfin, la dernière direction supposera de nouvelles politiques sportives et éducatives pour que les plus défavorisé·es aient accès aux pratiques.

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