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Sport & bénévolat, entre mythe & réalité

Photo du rédacteur: Zineb AjaraamZineb Ajaraam

Dernière mise à jour : 8 janv.

Si la société est encore largement perfectible, c’est également le cas du bénévolat dans le monde du sport...  

S'ils/elles peuvent être victimes d’inégalités ou exploité·es, les bénévoles sont pourtant essentiel·les dans le monde du sport. Sans eux/elles, la FSGT n’aurait par exemple pas pu organiser son Festival de la petite enfance à Pau en 2024... © pau_promenade

En France, on considère que 25% de la population est bénévole, soit environ 17 millions de personnes. S’il s’agit d’un terreau fertile et bienvenu pour le million et demi d’associations en activité sur le territoire, tou·tes ces bénévoles peuvent être victimes des mêmes inégalités et des mêmes abus que l’on trouve malheureusement dans la société.

Pilier incontesté de la vie associative, le bénévolat est théorisé, pensé et structuré. Désormais, il dispose même d’un statut spécifique. Mais le bénévolat est aussi complexe dans son intention que subjectif dans sa pratique. Les bénévoles « s’engagent » ou « militent », « s’organisent entre eux » ou « suivent un schéma prédéfini », « s’impliquent de façon altruiste » ou « se font exploités »... Il y a autant de définitions et d’actions différentes que de causes et de structures.


L’évolution du bénévolat est révélatrice d’une société en constante mouvance, d’une société où les solidarités traditionnelles ont pris une nouvelle forme. « On s’engage et on participe à la vie associative comme autrefois on faisait de la politique ou de l’action syndicale », expliquait Dan Ferrand-Bechmann, sociologue au sein de l’université de Paris 8 et titulaire d'une thèse sur le phénomène bénévole, dans Juris associations en 2008. Selon des récentes enquêtes menées par l’Injep (Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire), les secteurs dans lesquels les bénévoles s’investissent le plus en France sont le social et le caritatif (4,3 millions), les loisirs (4,4 millions), la culture (4,7 millions) et enfin le sport (5,2 millions). Pas moins d’une association sur quatre est une association sportive, et 86% d’entre elles ne s'appuient que sur leurs bénévoles. Au total, le volume de travail réalisé par ces dernier·ères représente près de 300 millions d’heures par an et équivaut à 180 000 emplois à temps plein.

 

Le bénévolat : une extension des inégalités   

 

Si la vie associative peut constituer une alternative au modèle sociétal dominant, elle n’en est pas moins le reflet. La répartition de certains rôles genrés se retrouve dans le bénévolat. Alors qu’il est encore principalement demandé aux femmes d'effectuer des missions de secrétariat, l'Injep indique en effet que 60% sont des responsables associatifs sont des hommes. De plus, cela ne se limite d’ailleurs pas à la question des postes de dirigeant·es... Dans le domaine des activités physiques, les personnes qui s’identifient comme femmes ont tout simplement moins de chances de s’engager au sein d’une association que des hommes.


La répartition des missions et des statuts est un autre exemple de ce postulat. Car ces représentations se calquent sur le niveau économique et scolaire des bénévoles. Une personne issue d’un milieu privilégié se verra ainsi plus facilement octroyer des postes de responsables qu’une personne avec un faible capital social et culturel. Et cela concerne même l’engagement ! En effet, toujours selon l’Injep, disposer d’un revenu net mensuel d’au moins 3 000 euros net augmente de quinze points la probabilité de devenir bénévole dans un club sportif plutôt que dans une autre association.

 

Une présomption de salariat ?

 

Bien que le bénévolat soit une approche théorisée autour de l’altruisme et du don de soi, une telle définition peut amener à un contresens conceptuel. En effet, la bonne volonté d’une personne pour participer à une cause ou à un événement peut la pousser à effectuer des tâches qui devraient être rémunérées...


Il faut dire que certaines utilisations du bénévolat dévoient son principe fondateur. Exemple lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, où pas moins de 45 000 bénévoles se sont investi·es dans l’organisation. Une envie assumée pour certain·es volontaires, une ambition personnelle pour d’autres, les raisons de leur engagement étaient multiples. Mais elles reflètent la main d’œuvre gratuite non négligeable issue du tissu bénévole et doivent également alerter sur son traitement. Car si ces dizaines de milliers de volontaires avaient un repas gratuit par jour et leurs frais de transport défrayés, ils et elles devaient se débrouiller pour trouver un logement à proximité des sites et « travailler » entre huit et dix heures par jour, six jours sur sept. Un système décrié par plusieurs associations en amont des JOP. Soupçonnant une présomption de salariat au profit du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, ces structures se posaient, dès avril 2023 dans le média Basta!, la question suivante :

« Par quelle définition de “l’intérêt général” peut-on laisser cette organisation outrepasser le droit du travail ? »

Essentiel dans le monde du sport, le bénévolat est donc encore largement perfectible. Comme la société... 


 

Volontourisme : et la sécurité des enfants ?

 

Alliant voyage et bénévolat, le volontariat à l’international, ou « volontourisme » est né dans les années 1960. Aujourd’hui, de nombreux·ses bénévoles réalisent des missions humanitaires pour encadrer la pratique sportive d’enfants dans des pays en voie de développement. Mais des associations pointent du doigt ces missions... En effet, plusieurs agences de volontourisme ne requièrent pas les qualifications professionnelles nécessaires et certains pays d’accueil manque de réglementation en la matière. Ce qui peut constituer un risque pour la sécurité des enfants.

 

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