Le burnout, ou syndrome d’épuisement professionnel, est lié à différents facteurs de risques psychosociaux. S'il touche plusieurs millions de travailleur·ses chaque année, il est possible de le combattre en pratiquant des activités physiques et sportives !
Il peut toucher tout le monde ! Que ce soit un salarié d’une PME ou une cadre évoluant dans un grand groupe du Cac40, une agricultrice comme un chargé de développement travaillant au sein d’une fédération sportive, n’importe qui est susceptible d’être victime d’un « burnout »…
Conceptualisé pour la première fois par un psychiatre américain dans les années 1970, ce qu’on appelle le burnout « a fait l’objet de nombreux travaux », explique un guide d’aide à la prévention * produit par la Direction générale du travail (DGT) aux côtés de l’Institut national de recherche et de sécurité et de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail. Selon les résultats de tous ces travaux, ce mal se traduit par « un état d’épuisement professionnel ressenti face à des situations de travail ''émotionnellement'' exigeantes ».
Ayant touché près de trois millions de Français·es en 2022, le burnout est défini comme un syndrome (le syndrome d’épuisement professionnel) regroupant un ensemble de symptômes et trois dimensions. « La première dimension et la plus centrale est l’épuisement émotionnel, psychique et physique », précise le guide de la DGT.
« Le cynisme est la deuxième dimension du burnout. L’attitude de l’individu devient négative, dure, détachée, vis-à-vis de son travail et des personnes. Dans sa troisième dimension, le burnout se caractérise par une perte de l’accomplissement personnel, une dévalorisation de soi, traduisant à la fois pour l’individu le sentiment d’être inefficace dans son travail et de ne pas être à la hauteur du poste. »
Le syndrome d’épuisement professionnel est lié à différents facteurs de risques psychosociaux (RPS). Les exigences au travail (objectifs irréalistes, horaires excessifs, etc.) et les mauvais rapports sociaux (comportements blessants, absence d’espaces d’expression…) bien sûr, mais également les exigences émotionnelles (relations avec le public), le manque d’autonomie (faibles marges de manœuvres dans la réalisation des tâches, sous-utilisation de ses compétences, etc.), les conflits de valeur (pas d’échanges sur les objectifs) et l’insécurité de l’emploi (précarité d’un contrat, changement de poste soudain, etc.).
Dans le guide de la Direction générale du travail, le cas d’un employé d’une agence de communication victime d’un syndrome d’épuisement professionnel fait figure de parfait exemple. N’ayant jamais le sentiment d’avoir pleinement accompli ses tâches car investi sur de trop nombreux projets, il « n’éprouve aucune satisfaction, ne peut atteindre l’objectif fixé et, ne bénéficiant pas d’une reconnaissance suffisante de la part de son entourage professionnel, perd progressivement le sens de son travail. »
Prévenir par le sport
Et le sport dans tout cela ? Si les employeurs et employeuses doivent prioritairement agir sur les facteurs de RPS afin d’éviter la survenue de syndromes d’épuisement professionnel dans leurs équipes, le guide de la DGT affirme que « faciliter les moments de convivialité » sert également à « renforcer l’identité d’un service ». La création d’un club de sport d’entreprise, dans lequel les employé·es se retrouveraient chaque semaine pour pratiquer diverses activités physiques ensemble, serait donc une très bonne piste pour prévenir les burnouts.
Mais certaines personnes travaillent seules et ne peuvent pas faire de sport avec des collègues… Pas de panique ; pratiquer une activité physique dans n’importe quelle association est tout aussi utile pour lutter contre l’apparition d’un syndrome d’épuisement professionnel. Cela s’explique notamment par le fait que le sport « soutient la régénération et la régulation des hormones de stress », apprenait-on dans un article de PME, un mensuel suisse, en janvier 2023.
Il ne faut pas non plus sous-estimer l’importance de son « équilibre intérieur » qui serait bouleversé par le travail. Or « l’exercice physique libère les hormones du bonheur que sont la dopamine et la sérotonine », affirmait PME.
« Ces deux dernières favorisent le rétablissement de l’équilibre et ont un effet motivant et antidépresseur. »
Concernant le télétravail, il est toujours compliqué, pour celles et ceux qui ont la possibilité d’en faire, d’arriver à déconnecter après une journée de boulot à domicile ou pendant la pause déjeuner. Réaliser un entraînement sportif sert justement à lâcher prise et empêcher le burnout. Finalement, « le secret réside surtout dans le fait de s’accorder du temps pour toutes les activités qui permettent de se ressourcer en dehors du cadre professionnel », était-il écrit dans un papier de Capital publié en 2018.
Combattre par le sport
Les activités physiques et sportives préviennent la survenue d’un syndrome d’épuisement professionnel, mais quid de leur rôle lorsque celui-ci touche malgré tout un ou une travailleur·se ? Si la prise en charge de ce/cette dernier·ère évolue en fonction de la sévérité de ses symptômes - elle est notamment susceptible de comprendre une psychothérapie associée à des médicaments -, un arrêt de travail de plusieurs semaines est essentiel. Aidant à « prendre du recul », selon le guide de la DGT, ce temps de repos permet également de « récupérer » par « la relaxation ou le sport ».
« C’est important de trouver une activité régulière qui nous fasse du bien lors d’un burnout », confirme une psychiatre sur le média Conseil Sport.
« C’est une petite bouée à laquelle se raccrocher en pleine tempête mentale. »
Cette spécialiste du syndrome d’épuisement professionnel conseille également d’y aller progressivement :
« On ne se met pas d’objectif sportif, le but ici est de monter la première marche vers la guérison, de se mettre des petits objectifs faciles en temps normal, mais pas forcément évidents lorsque l’on est en burnout ».
Chaque discipline sportive possède des bienfaits qui lui sont propres et qui aideront à surmonter un syndrome d’épuisement professionnel. Faire du yoga ou du pilates apportera ainsi une certaine détente tandis que les sports de combat et les activités artistiques seront utiles pour extérioriser un mal-être par le geste. Les sports collectifs serviront à rencontrer du monde et à recréer du lien social alors que les paysages rencontrés pendant les pratiques de nature (randonnée, VTT, marche nordique…) permettront de se vider la tête.
Et le résultat est bien souvent au rendez-vous ! « La course à pied m’a sauvée », confiait par exemple Makeda, une jeune femme évoluant dans le monde de la publicité, au Parisien en octobre dernier.
« Le travail prenait trop place dans mon quotidien. Je subissais, je n’avais plus le contrôle de ce que je faisais. »
Attention néanmoins à ne pas trop en faire… Glisser vers une pratique sportive excessive « ne conduit pas à l'équilibre et à la résilience souhaités, mais entraîne encore plus de stress et une surutilisation du corps », était-il indiqué dans l’article du magazine PME.
« Si une personne ne fait pas de pause entre un travail qui consomme des ressources et un sport intensif, elle devient plus irritable. Elle tend à devenir plus sensible au stress et, dans les cas extrêmes, commence même à développer des troubles anxieux. »
Il ne faudrait tout de même pas que les activités physiques et sportives deviennent la source d’un burnout…
* Le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout, mieux comprendre pour mieux agir.
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