« Nos amis palestiniens ont beaucoup appris »
- Antoine Aubry
- 5 juin
- 3 min de lecture
Hanbi Lee et Pascal Etienne, du collectif Solidarité grimpe Palestine, reviennent sur la récente venue de grimpeur·ses de Cisjordanie.

Comment est né ce projet ?
Pascal Etienne : L’idée vient d’un documentaire sur une communauté de grimpeur·ses en Palestine : Resistance climbing. En le visionnant, nous découvrons avec mon épouse, Catherine Carré, qu’il y a de l’escalade en Cisjordanie et nous nous demandons ce que nous pouvons faire pour les aider. La projection du documentaire lors de l’assemblée générale des grimpeur·ses FSGT francilien·nes permet ensuite de monter un collectif, Solidarité grimpe Palestine, et de rentrer en contact avec la Palestine climbing association. Au départ, nous voulions envoyer une délégation en Cisjordanie. La situation sur place nous empêchant de réaliser ce projet, on a finalement décidé de faire venir des Palestinien·nes en France du 19 avrill au 10 mai. Finalement, douze grimpeur·ses ont pu obtenir un visa, notamment grâce à l’aide du domaine de la politique de coopération et solidarité internationales.
Quel a été leur programme ?
Pascal Etienne : Le séjour a commencé à Allex, une commune de la Drôme. Là-bas, c’était à la fois escalade plaisir et apprentissage des grandes voies. Nous nous sommes ensuite déplacé·es du côté de Briançon, dans les Hautes-Alpes, où les Palestinien·nes ont pris part à un stage d’équipement en falaise. On leur a également montré qu’on pouvait permettre aux débutant·es de devenir rapidement autonomes. La semaine en Île-de-France a enfin permis aux Palestinien·nes de découvrir les rochers de la forêt de Fontainebleau et leurs possibles aménagements, afin de rendre la pratique accessible au plus grand nombre, mais également le fonctionnement associatif dans plusieurs clubs franciliens.
Comment communiquiez-vous ?
Hanbi Lee : Une bonne partie des Palestinien·nes parlaient très bien anglais, mais des bénévoles arabophones étaient également présent·es. Nous avons évidemment beaucoup parlé d’escalade, mais, lors de nos discussions, la situation sur place revenait tout le temps. Les Palestinien·nes évoquaient leurs difficultés du quotidien, les innombrables check-points israéliens et des accès à leurs falaises devenus compliqués, voire impossibles, en raison de la colonisation.
Pascal Étienne : On a d’ailleurs profité de leur présence pour projeter Resistance climbing dans quatre lieux différents et organiser des débats. Cela nous a permis de toucher des centaines de personnes, c’était vraiment top.
Quel premier bilan pouvez-vous tirer de ce séjour ?
Pascal Étienne : La fédération d’escalade palestinienne venant d’être reconnue au niveau international, elle a besoin de grimpeur·ses confirmé·es susceptibles de prendre part à des compétitions mondiales. Toutefois, les Palestinien·nes ont également compris que leur objectif premier était d’augmenter leur réservoir de pratiquant·es. Les douze grimpeur·ses qui sont venu·es en France se sont donc engagé·es à partager les connaissances qu’ils/elles ont acquis à nos côtés pour développer l’escalade là-bas, ce qui nous ravit. Il faut aussi souligner l’implication de plusieurs comités et clubs FSGT et celle de la cinquantaine de bénévoles présent·es tout au long de trois semaines.
Hanbi Lee : Personnellement, j’en ai retiré beaucoup plus que ce que j’ai donné, cela m’a énormément touché. On ne s’attendait pas à se faire des amis, mais c’est ce qui s’est passé. Les Palestinien·nes nous ont énormément appris sur la résistance. Il y a eu des échanges très riches en émotion et en militantisme. Évidemment, cela nous fait rêver d’une suite. On ne sait pas encore quoi, mais on est très motivé. La construction d’un mur d’escalade en Cisjordanie pourrait être l’aboutissement de ce projet, il occuperait d’ailleurs une place très importante dans le développement de l’escalade en Palestine.
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