Nage en eau libre : belle dynamique francilienne

Lancée par le comité de Seine-Saint-Denis en 2018, la nage en eau libre se développe dans toute l’Île-de-France…

Nage ton canal 2024 © Marie Lopez-Vivanco

Il s’agissait d’une des grandes promesses, en termes d’héritage, des JOP de Paris 2024 : tout le monde pourra se baigner dans la Seine. L’État et les collectivités franciliennes ont en effet investi plus d’un milliard d'euros afin de la rendre suffisamment propre. Si trois sites vont bientôt ouvrir dans cette perspective à Paris, la FSGT n’avait pas attendu pour relancer la natation dans ce fleuve… Audrey Larrieu-Dessus, chargée d’événementiel à la ligue Île-de-France, rappelle avec fierté que « notre fédération a été à l’initiative de la toute première épreuve de nage en eau libre dans la Seine après les JOP ».

Effectivement, « Nage ta Seine » s’est tenu en septembre dernier. L’événement avait rencontré, surtout après les polémiques sur la propreté de l’eau et les reports de certaines épreuves des Jeux, un écho certain. Le Parisien du 23 septembre 2024 plantait ainsi le décor de ce moment particulier : « Un clapotis régulier, doux, mélodieux et fort agréable, c’est le seul bruit continu qui arrive aux oreilles des piétons perchés sur les quais de Seine, à L’Île-Saint-Denis. Ce son vient du mouvement des dizaines de nageurs qui avancent à contre-courant dans le fleuve. » Organisée par les comités de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine et la ligue Île-de-France, cette première édition a connu un succès impressionnant. Pas moins de deux cents courageux et courageuses ont parcouru des distances allant de 250 m à 3 km. Modèle en matière de partenariats institutionnels - le syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne, le département de Seine-Saint-Denis, la commune de L’Île-Saint-Denis, la métropole du Grand Paris, l’Agence nationale du sport et le comité départemental olympique et sportif 93 étaient notamment impliqués -, cette journée « est aussi une volonté de démocratiser les activités de loisirs et la baignade à l’échelle régionale, dans un contexte de dérèglement climatique et d’étés de plus en plus chauds », ajoutait Clément Rémond, coprésident du comité de Seine-Saint-Denis, toujours dans Le Parisien. Une seconde édition de Nage ta Seine va donc se tenir prochainement, en lien notamment avec l’ouverture des sites cités précédemment.

Une FSGT 93 novatrice  

Le comité de Seine-Saint-Denis joue un rôle déterminant dans le développement de la nage en eau libre FSGT en Île-de-France. Dès 2018, il lançait « Nage ton canal », dans le Canal de l’Ourcq. « Ce projet s’inscrivait dans notre plan d’action autour des 50 ans du comité », précise Clément Rémond. « Nous désirions promouvoir de nouvelles formes de pratiques sous une forme associative, que la FSGT soit pionnière. » 

Depuis, Nage ton canal bat des records d’année en année. En août 2024, plus de 350 personnes s’étaient donné·es rendez-vous à Pantin pour participer à la dernière édition. Les inscrit·es se sont jeté·es à l’eau pour concourir sur diverses distances, de 250 m à 5 km, mais aussi pour prendre part à des aquathlons ou une course de bouées. Le comité profite également de Nage ton canal pour organiser une grande fête du sport populaire. En parallèle des épreuves sur l’eau, il met toujours en place un village sportif offrant une multitude d’animations sportives encadrées par des animateurs et animatrices de clubs du comité : football, basket, tir à l’arc, escalade, breakdance... Et compte tenu du manque de piscines dans le département, des initiations à la natation sont aussi proposées.

Des partenaires séduits

« Nage ton canal et Nage ta Seine sont deux épreuves s’adressant à des publics distincts et complémentaires », indique Audrey Larrieu-Dessus. « Nage ton canal se déroule le samedi toute la journée, dans une ambiance très conviviale. Nage ta Seine se passe le dimanche matin, dans une forme de compétition plus classique. » Ces réussites poussent en tout cas la ligue Île-de-France à s’impliquer davantage pour promouvoir une nage en eau libre qui semble porteuse et qui répond à un véritable besoin de la population.

« Notre rôle est d’accompagner les comités dans l’organisation de ce type d’événements », poursuit Audrey Larrieu-Dessus. « Sans oublier que cette discipline est normalement réservée à des personnes ayant les moyens. Mais chez nous, il n’y a pas de frais d’entrée, pas forcément de classement, et chacun peut nager, quel que soit son niveau. L’idée est aussi de se réapproprier les espaces naturels. »

Enfin, point non négligeable, ces événements séduisent également les partenaires de la FSGT. « Nous collaborons étroitement avec les acteurs associatifs, les collectivités et les départements pour concrétiser nos actions, tisser des liens et construire ensemble une histoire commune au service du territoire et de ses habitants », précise Audrey Larrieu-Dessus. L’enjeu pour la fédération n’est seulement pas d’ajouter ce type de pratique au catalogue du sport populaire ou de surfer sur sa popularité, similaire à l’engouement pour le trail en athlétisme. « Il s’agit de véritables opportunités pour former des dirigeants et des animateurs à l’animation de pratiques sportives de plein air », explique la chargée d’événementiel de la ligue Île-de-France. En évoquant l’impact extraordinaire de Nage ton canal sur le comité de Seine-Saint-Denis, Clément Rémond insiste sur cette dimension : « Cet événement est vraiment fédérateur, le premier qui nous a permis de procéder en transversalité avec nos clubs, peu importe leur discipline d’origine. Il a aussi développé du bénévolat, y compris en attirant des personnes qui ne venaient pas de la fédération. Enfin, d’un point de vue institutionnel, Nage ton canal et Nage ta Seine sont perçues comme des marques de fabrique de la FSGT 93, des marques populaires et associatives. »

Étendre ces modèles

Preuve de cet engouement, le tout premier Nage ta Marne se déroulera à Meaux, en Seine-et-Marne, le dimanche 1er juin 2025. Fruit d’une coopération entre le Comité FSGT 77 Nord et la ville, il proposera quatre distances (250 m, 500 m, 1 km et 2 km) pour s’adapter à tous les niveaux, ainsi que la désormais incontournable course de bouées. Comme lors de Nage ton canal, un village accueillera des animations sportives pour petit·es et grand·es, et un DJ set est prévu pour le public tout au long de la journée.

Il reste désormais à étendre ces modèles franciliens dans tous les recoins de l’Hexagone. « Nous espérons vraiment que la nage en eau libre va se répandre à travers le pays », conclut Clément Rémond. « Elle peut essaimer dans les lacs, la mer, l'océan ou les cours d'eau, puisqu’elle peut se pratiquer partout. La FSGT et ses comités doivent s’en emparer, car c’est un magnifique outil de développement. »