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Pratiques partagées I « La FSGT ne doit pas s'arrêter en si bon chemin » 

Dernière mise à jour : 29 mars

La FSGT souhaite démontrer que des sportif·ves en situation de handicap et des personnes valides peuvent progresser et prendre du plaisir ensemble grâce à la vie associative. Venant de mettre en place une formation inédite qui atteste de la spécificité de la fédération à ce sujet, l’EFT pratiques partagées handi-valides, à travers la voix de trois de ses pilotes (Lucie Doyen, Yves Renoux et Violaine Litzler), nous accorde un entretien.  

Les 10 et 11 février derniers, l’EFT pratiques partagées handi-valides a organisé une toute première formation à destination des animateur·rices de clubs FSGT… © Leo Kekemenis 

Lucie, tu viens de coordonner la mise en place d’une toute nouvelle formation FSGT par l’espace fédéral thématique (EFT) pratiques partagées handi-valides. Peux-tu nous décrire ses enjeux et ses contenus ? 

 

Lucie Doyen : Nous avons d’abord recensé les besoins des clubs et étudié les freins à l’accueil des personnes en situation de handicap. La nécessité de mettre en place un stage fédéral en nous appuyant sur ce qui existait dans les comités FSGT, notamment en Seine-Saint-Denis, est alors apparue. La formation s’est déroulée en trois temps. Le premier était un temps théorique en distanciel portant sur le contexte général, sur les différents types de handicap et sur l’approche pédagogique. Les 18 animateurs inscrits, issus de toute la France, ont travaillé en groupe, avec une bonne dynamique collective. On s'est ensuite retrouvé en présentiel, les 10 et 11 février derniers, dans un gymnase du 19e arrondissement de Paris. En appui sur un collectif de formateurs composé de William Canot, formé au comité de Seine-Saint-Denis, de Serge Tracq, militant du comité de Paris et de Stéphanie Riss, venue du comité du Haut-Rhin, et sur trois structures partenaires spécialisées, nous avons pu vivre et animer la pratique partagée pendant tout le week-end avec des jeunes et des adultes non-valides. S’étant formés mutuellement et n’ayant pas hésité à sortir de leur zone de confort, les stagiaires vont désormais expérimenter, dans leurs clubs ou dans des structures spécialisées, ce qu’ils ont appris lors de cette formation et s’auto-évalueront. La restitution de leurs travaux se tiendra au mois de juin prochain devant un jury.  

À noter que Cécile Bossavie, conseillère déléguée chargée du handicap dans le 19e arrondissement de Paris, nous a rendu visite. Cette reconnaissance de la fédération a été renforcée par notre présence à la journée nationale sport et handicap, le 23 mars 2024 à Paris. 

 

Yves, avec ton expérience de longue date de professeur d’EPS et de militant de la montagne-escalade FSGT, quels enseignements, à la fois pédagogiques et politiques, peux-tu tirer de ce stage ? 

 

Yves Renoux : La visée humaniste est au centre de la démarche de la fédération. Et c’était incroyable de voir toute la joie que cette formation a généré ! Il y a eu une sorte de découverte réciproque entre les stagiaires et les personnes non-valides. Ces dernières ont pu sortir de leur handicap et faire des pratiques partagées alors qu’on leur a toujours dit que c’était impossible. Stéphanie Riss, qui est déficiente visuelle, l’assure : elle attendait cela depuis 30 ans…  Les conditions étaient créées pour pouvoir entrer directement dans l’activité et les stagiaires ont pu proposer des activités d’expression corporelle, des jeux d’opposition, des jeux de ballon et des jeux coopératifs avec une visée omnisport. À un moment, deux jeunes en situation de handicap se sont retrouvés à faire de la lutte au sol alors que ce n’était pas du tout prévu. L’émotion ouvre des possibles et donne de la valeur au concept de pratiques partagées. Ce n’est pas encore une culture, une manière de voir les choses. Cette démarche oblige les personnes dites valides à faire des pas de côtés. Elles progressent d’un point de vue émotionel et cognitif, et donc pédagogique. La pratique avec des personnes en situation de handicap est un laboratoire. C’est notre sport de l’extrême. On doit regarder le problème sous un autre angle et inventer des solutions. Nous pourrons d’ailleurs continuer à expérimenter tous ces acquis lors des Jeux paralympiques de Paris 2024. 

 

Violaine, tu es une pratiquante de vélo partagé et une dirigeante de la FSGT à tous les échelons. Quelles sont les perspectives, internes et externes, de toute la démarche mise en place par l’EFT ?   

 

Violaine Litzler : Cette formation entre dans le projet de développement des 90 ans de la fédération, et il était important que les pratiques partagées handi-valides y soient reconnues ! Je suis convaincue que les activités physiques doivent être un droit pour toutes et tous. Quand on fait du sport avec les autres, c’est du temps que l’on ne passe pas isolé. C’est essentiel pour la santé physique, mais également mentale, et dans la relation aux autres. Ce n’est pas une question de charité. À titre personnel, ma pratique au Cyclo-club de Kingersheim (Haut-Rhin) m’apporte un échange particulier. Les personnes en situation de handicap ne viennent d’ailleurs pas pour consommer, mais pour créer de l’échange. Et cela change tout ! Cette expérience m’a permis de découvrir le monde du handicap, et particulièrement celui des déficients visuels que je fréquente désormais toutes les semaines. Mais la richesse de la FSGT, c’est aussi de m’avoir ouverte au milieu de l’autisme, que je ne connaissais pas. Je me suis rendue compte que nous parvenons à réaliser des exploits avec le partage, à faire des choses que l’on pensait impossibles. Je suis sûre que les 4 200 clubs de la fédération pourraient s’ouvrir au sport partagé. On a déjà recensé plus de cent associations en proposant, même si beaucoup d’autres organisent des pratiques sans être identifiées au niveau fédéral. Ce que nous proposons est singulier dans le champ des fédérations sportives, davantage orientées vers la compétition et/ou le handisport. Ces fédérations, que je côtoie au sein du Comité paralympique et sportive français, répondent à des besoins différents, complémentaires. Et la FSGT est de plus en plus reconnue par les institutions. Il faut continuer, et nous sommes déterminés à ne pas nous arrêter en si bon chemin. 


Propos recueillis par Emmanuelle Bonnet Oulaldj

 

 

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