Peut-on faire du sport quand on est épileptique ? Oui, cela est même conseillé ! Mais attention, quelques précautions s’imposent…
Touchant environ 600 000 personnes en France, dont la moitié sont des enfants, l’épilepsie est une des maladies neurologiques les plus répandues. Susceptible d’entraîner d’impressionnantes crises mêlant convulsions et perte de connaissance, cette affection est provoquée par des accidents vasculaires cérébraux, des anomalies génétiques ou encore des inflammations au niveau du cerveau et combattue avec des médicaments (lire encadré ci-dessous).
À première vue, il semble difficile pour les personnes atteintes d’épilepsie de pratiquer une activité sportive à cause de leurs possibles crises. « Le risque principal est de se blesser », notait, dans Le Monde en 2020, Arnaud Biraben, neurologue-épileptologue au CHU de Rennes. En mars dernier, le joueur de football chilien Javier Altamirano (24 ans) a d’ailleurs été victime d'une crise durant un match du championnat argentin. Plus de peur que de mal finalement, mais les conséquences auraient pu être très graves en cas de mauvaise chute...
L’épilepsie peut toutefois parfaitement se conjuguer avec une pratique sportive, y compris au plus haut-niveau. L'ex-sauteur à ski allemand Severin Freund souffrait par exemple de cette pathologie. « En 2006, un médecin avait pourtant été catégorique : il lui déconseillait vivement de continuer », racontait le média Blick en novembre dernier.
« Malgré le diagnostic, il a poursuivi sa carrière. »
Cependant, Severin Freund avait tout de même « choisi de garder sa maladie secrète. Il redoutait que ses contre-performances soient systématiquement attribuées à son épilepsie et ne voulait pas être constamment interrogé sur le sujet. »
De nombreux bienfaits…
Les personnes épileptiques peuvent donc faire des activités physiques et, encore mieux, ces dernières sont même bénéfiques pour elles ! Le site epilepsie-info.fr assure ainsi que « le sport et l’activité physique en général sont reconnus comme ayant un impact positif sur le contrôle du nombre de crises ». S’adonner régulièrement au sport facilite en effet la gestion du stress, qui joue un rôle non négligeable dans leur déclenchement.
Les enfants ou les adolescent·es épileptiques sont souvent touché·es par un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité, ce qui peut se révéler problématique à l’école... Or l’activité physique permet une meilleure gestion de l’impulsivité et favorise indéniablement les processus d’apprentissage.
De plus, comme le soulignait le docteur Biraben lors des Journées de neurologie de langue française de 2018, le « niveau de dépression des épileptiques sportifs est significativement inférieur [à celles/ceux qui ne pratiquent pas], car le sport a des effets positifs sur l’humeur et améliore la plasticité hippocampique et les fonctions cognitives ». Dans les colonnes du Monde, Clémence, une jeune femme de 23 ans, qui avait cessé l’activité physique à 17-18 ans en raison de crises fréquentes, liait justement l'amélioration de son moral à sa reprise sportive :
« Je suis retournée courir, nager, et je constate que je vais beaucoup mieux psychologiquement qu’avant ».
Lorsqu’elle se rend à la piscine pour s’entraîner, Clémence est toutefois toujours obligée de prévenir les surveillant·es de sa situation.
… mais des précautions à prendre
Enfin, le choix de l’activité sportive est crucial et devra être discuté avec un·e médecin. Car certains sports peuvent singulièrement augmenter les risques de crise, comme la plongée ou l'alpinisme. La Ligue internationale contre l’épilepsie distingue d’ailleurs trois groupes en fonction des dangers encourus. Ceux du premier ne supposent pas plus de menaces lors d’une crise que si elle survient au domicile. Ils incluent par exemple les sports collectifs ou l’athlétisme. Les disciplines du deuxième groupe majorent quant à elles les risques, comme le ski ou le cyclisme, tandis que le troisième concerne les pratiques les plus dangereuses, à l’instar de celles citées quelques lignes plus haut.
De fait, il s’impose de prendre des précautions singulières et, surtout, de toujours consulter son/sa médecin traitant·e ou un·e neurologue avant de se (re)mettre à une activité physique. « Tout se négocie avec les patients, les médicaments, mais le sport aussi », rappelait Vincent Navarro, neurologue-épileptologue à Paris, dans les colonnes du Monde. « Il faut dialoguer pour savoir comment pratiquer. »
Épilepsie : causes & traitements
Les causes de l’épilepsie se révèlent multiples et varient selon les individus. Cette affection peut être due à des lésions après un traumatisme crânien, des accidents vasculaires cérébraux, des anomalies génétiques ou encore des infections et des inflammations au niveau du cerveau. Les modes de vie peuvent aussi constituer des facteurs déclenchants ou aggravants, tels un stress intense, une consommation excessive d'alcool ou de drogue, la privation de sommeil, les lumières clignotantes ou l’usage immodéré de certains stimulants comme la caféine. Il importe donc de prêter une attention particulière à tout cela. Le traitement de l’épilepsie repose principalement sur la prise de médicaments (par exemple le phénobarbital), mais ces derniers peuvent avoir des effets secondaires déplaisants, dont la prise de poids. Pour environ un quart des personnes concernées, le protocole médicamenteux s’avère insuffisant ou inefficace et des crises d'épilepsie persistent, avec un danger général pour la santé. Une intervention chirurgicale peut alors être envisagée. Enfin, d’autres types de soins et d’accompagnements sont possibles et encouragés. Et notamment la pratique sportive...
Comentarios