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Le sport, remède aux maux de la guerre ? 

Oui, les activités physiques peuvent aider les victimes de conflits armés à surmonter leurs traumatismes. 

© Paul Burckel 
© Paul Burckel 

 

La guerre tue, mais surtout blesse, meurtrit la chair et détruit les corps. Pour mémoire, la Première Guerre mondiale provoqua, seulement en France, pas moins de 3,5 millions de blessés, dont plus d’un million d’invalides. En Grande-Bretagne, cette réalité entraîna, en 1948, la naissance des premières compétitions sportives entre mutilés, ancêtres des Jeux paralympiques. Si les conflits continuent de charrier leur lot d’amputé·es, d’aveugles et de personnes diminuées, le sport est désormais reconnu comme un moyen indispensable pour aider les survivant·es à se reconstruire, physiquement et psychologiquement. France Inter a d’ailleurs réalisé, le 15 mai 2024, un reportage sur le centre Unbroken de Lviv (Ukraine), une institution née à la suite de l’invasion russe et destinée aux soldats ukrainiens blessés au front. « Au deuxième étage du bâtiment, ultramoderne, on entre dans une sorte de salle de sport aux murs blancs avec des machines et des tapis de course tout neufs sur lesquels des hommes testent leur équilibre et tentent d’apprivoiser leur prothèse », pouvait-on notamment lire dans l’article.


Toutefois, cette problématique ne concerne pas que les combattant·es. En 2021, le réalisateur palestinien Iyad Alasttal, auteur du documentaire Gaza, balle au pied, expliquait à Sport et plein air l’importance du ballon rond pour les civils gazaouis amputés par des soldats israéliens : « La plupart étaient des sportifs. Ils voulaient continuer leur activité, et le football se révèle être un moyen de s’intégrer dans la société, au lieu de s’enfermer dans la solitude à la maison. » Ces propos résonnent terriblement aujourd’hui ; la question de la pratique sportive à Gaza étant devenue bien secondaire.

 

Du sport pour les enfants traumatisé·es

 

Un des aspects les plus dramatiques des guerres réside dans le sort des populations déplacées (4,6 millions dans les seules provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo). Les conséquences sanitaires, humanitaires et sociales sont difficilement imaginables, et le plus lourd tribut pèse avant tout sur les enfants. Mais la plateforme Sport et développement indique que, dans les camps de réfugié·es, les « programmes éducatifs utilisant le sport comme outil ont une incidence bénéfique sur la scolarisation. Il est aussi important de comprendre que l’offre d’infrastructures sportives et de terrains de jeux accessibles et sûrs permet aux jeunes d’être à nouveau des enfants. Les projets structurés de sport et développement peuvent ainsi donner aux communautés de réfugiés un support psychosocial non négligeable. »


De fait, de nombreux programmes sportifs sont conçus pour les enfants victimes de la guerre, souvent intégrés dans des initiatives humanitaires plus larges. Le sport y est utilisé comme un outil puissant, capable de permettre à ces gamin·es de surmonter, dans la mesure du possible, les traumatismes auxquels ils/elles ont été et sont confronté·es. L’Unicef déploie notamment en Ukraine, depuis l’invasion russe de 2022, son programme Spilno et ses « child-friendly spaces ». Ces espaces sûrs, disséminés sur tout le territoire et dans les pays accueillant des réfugié·es (Pologne, Roumanie, etc.), cherchent à soutenir la santé mentale des enfants déplacé·es ou traumatisé·es par les bombardements.


Du côté de la Palestine, avant le début de l’opération militaire israélienne, l’UNRWA (l’agence de l’Onu pour les réfugié·es palestinien·nes) organisait, dans les écoles et les camps de Gaza qu’elle gérait, des activités sportives et de loisirs pour les enfants, avec pour ambition d’apporter un semblant de normalité et de réduire leur anxiété. Le Palestine children’s relief fund, une ONG américaine, a quant à elle mis en place un programme mobile destiné aux enfants palestinien·nes. Il est composé de jeux coopératifs, de mouvements corporels, de clown-thérapie et d’activités physiques encadrées par des thérapeutes et des volontaires formé·es.

 

... et les femmes !

 

Autre catégorie particulièrement touchée par la guerre : les femmes, notamment en raison des viols employés comme armes de guerre. « Bien qu’elle soit formellement interdite par le droit international humanitaire et d’autres corpus de droit, la violence sexuelle demeure très répandue dans les situations de conflit armé », rappelle la Croix-Rouge international. « Les besoins des victimes sont de diverses natures et appellent une réponse humanitaire pluridisciplinaire. »


Des programmes sportifs spécifiques existent à travers le monde pour aider les femmes à surmonter les troubles de stress post-traumatique liés à ces actes. La Fondation Panzi, qui agit par exemple en République Démocratique du Congo, propose du sport pour les survivantes de violences sexuelles. Au Soudan du Sud, l'Onu femmes et des ONG locales ont mis en place des programmes de soutien psychologique dans des camps de déplacé·es, avec des activités sportives intégrées (volley-ball, danse en groupe, yoga). En Colombie, la Fundación tiempo de juego propose du football, de la boxe ou encore de la danse aux femmes ayant subi des violences sexuelles liées au conflit avec les Farc. Dernier exemple parmi tant d’autres, en Irak, des femmes yézidies rescapées de l’État islamique bénéficient du programme de l’ONG Yoga for yazidis qui, comme son nom l’indique, propose du yoga pour tenter d'oublier les erreurs vécues.

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