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Sexualité | Le sport, c'est le pied ?

Dernière mise à jour : 29 nov. 2022

Pratique sportive et sexualité font-elles bon ménage ? Pendant longtemps, on a pensé que non, mais, en réalité, le sport joue un rôle important sur la libido des femmes et des hommes, tout en permettant de régler certains dysfonctionnements! Attention toutefois aux abus et aux accidents susceptibles de se produire pendant une activité physique et d’impacter la vie sexuelle…

© Paul Burckel

Selon le Larousse, la sexualité est l’ensemble « des phénomènes sexuels ou liés au sexe que l'on peut observer dans le monde vivant » ou « des diverses modalités de la satisfaction sexuelle ». Si leur lien a beaucoup évolué, la sexualité et les activités physiques et sportives ont été opposées pendant de longues années… Professionnel entre 1960 et le début des années 1980, le boxeur américain Muhammad Ali affirmait par exemple éviter tout rapport

sexuel avant une rencontre. Du côté du football, les « visites conjugales » entre les joueurs et leurs moitiés ont longtemps été proscrites durant les Coupes du monde.


Pourtant, rien ne prouve que ces précautions aient le moindre fondement scientifique ! En 2019, on apprenait d’ailleurs qu’une étude menée par des chercheurs américains ne discernait aucun impact négatif sur la performance sportive selon l’activité sexuelle réalisée, ou non, la veille d’une épreuve, et le coït humain durant en moyenne 5,4 minutes hors préliminaires (chez les couples hétérosexuels), il a peu de chance d’entamer significativement, à lui seul, le potentiel des athlètes…


Mieux, l’ensemble des travaux conduits sur cette question a même révélé que le sport apporte énormément à la sexualité. En effet, une étude britannique a prouvé que les amateurs et amatrices de course à pied avaient davantage de relations sexuelles que la moyenne de la population. « Il y a un lien direct avec la santé physique générale », pouvait-on lire en avril dernier dans un article de Santé Magazine qui relayait les résultats de cette étude.

« Le sport est bon pour la santé, et il aura donc une influence bénéfique sur la libido. »

Notons aussi qu’une activité sportive régulière stimule également la production de dopamine, de sérotonine ou d’ocytocine, les hormones dites du plaisir...


Moins de troubles…

De plus, le sport peut contribuer à régler des dysfonctionnements sexuels. Des études espagnoles, évoquées par Allodocteurs, ont ainsi prouvé qu’une activité physique régulière permettait à un tiers des hommes souffrant de troubles de la libido et/ou d’érection de résoudre leurs problèmes sans avoir recours à des aides médicamenteuses.


Chez les femmes, la libido s’améliore aussi sensiblement quand elles réalisent une pratique sportive, notamment parce que le sport favorise une bonne circulation sanguine dans les organes génitaux. En 2019, The Journal of Sexual Medicine a publié les résultats d’une étude indiquant que les femmes qui exercent une activité sportive ont une sensibilité clitoridienne plus importante.


Dernier point, plus subjectif, et donc difficile à mesurer, le rapport entre la sexualité et la santé mentale, qui, elle, reste connectée avec la santé physique. Car pratiquer un sport sert à évacuer le stress de la vie quotidienne qui est susceptible de jouer le mauvais rôle dans certains problèmes liés à la vie sexuelle.


Signalons au passage que les congruences entre la pratique sportive et la sexualité n’échappent pas au sexisme et à un traitement différencié des genres… Les travaux et articles consacrés à ce sujet portent majoritairement sur les enjeux de performances masculines et réduisent la sexualité féminine à une figure passive. En outre, la sexualisation du corps selon les normes esthétiques en vigueur y est également présente et souvent de manière caricaturale.


Exemple dans Santé Magazine où il est assuré que les activités physiques et sportives permettent de booster la libido parce que « le culte du corps est affirmé : athlétique, ferme, galbé… Les sportifs sont bien foutus comme on dit ! Et pour cause, le lien étroit qu’ils entretiennent avec leur corps va engendrer une attention toute particulière à leur physique. Le corps est ainsi valorisé et perfectionné. Tout cela sexualise l’individu, et le rend plus désirable. »


Et n’oublions pas que l’hypersexualisation des corps féminins touche aussi le sport, les femmes étant parfois obligées d’avoir des tenues beaucoup plus « courtes » ou « sexy » que les hommes pour pratiquer. Cela a d’ailleurs récemment provoqué quelques remous dans certaines disciplines, et notamment au niveau du beach-volley…


… mais attention malgré tout !

Cependant, une activité physique excessive risque d’impacter négativement la sexualité. « Preuve de ce phénomène », détaillait Le Figaro en 2017, « le dérèglement des cycles menstruels chez les femmes très sportives : chez les meilleures marathoniennes mondiales, l’aménorrhée (absence de règles) est fréquente. Mais ce phénomène est transitoire, réversible et sans conséquence sur le long terme ni sur les maternités. »


Une enquête réalisée en France auprès des sportifs et sportives français·es de très haut niveau, et en collaboration avec l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance, a également permis de démontrer que la moitié des athlètes constataient une chute de leur libido lors des phases d’entraînements intensifs alors qu’elle repartait plutôt à la hausse pendant les périodes plus modérées…

Gare aussi aux effets néfastes du dopage (lire encadré ci-dessous) et au périnée ! Partie la plus inférieure du tronc, le périnée est un ensemble d’une dizaine de muscles qui assure différentes fonctions (miction, défécation, continence, sexuelle et reproductive…) tout en étant impliqué dans le soutien de différents organes abdominaux.


Au moment de la réalisation de certains sports à impact (gymnastique artistique, danse, course à pied etc.) ou de certains exercices (comme le très mauvais « crunch » lors duquel on enchaîne les rapprochements coudes-genoux en étant allongé au sol sur le dos avec les genoux pliés), la pression qui s’exerce sur lui augmente considérablement, et peut provoquer des problèmes comme de l’incontinence anale ou urinaire à l’effort ou des douleurs pendant les rapports sexuels.

Ces problèmes touchent principalement les femmes (pour des questions morphologiques et/ou à cause d’une ou plusieurs grossesses), mais on peut tenter de limiter la casse en optant pour un sport moins contraignant, en se servant d’un pessaire (un petit accessoire cubique que l’on introduit dans le vagin afin d’empêcher les descentes d’organes) si on veut poursuivre son activité malgré tout, à travers des exercices visant à rendre le périnée plus élastique ou grâce à des… orgasmes* !

Enfin pour les hommes, attention aux mauvais coups dans les testicules… Si « ce sont principalement des traumatismes minimes et sans conséquence », rassure l’urologue Antoine Faix dans le magazine Neon, il peut parfois s'agir de traumatismes graves à l’instar de la torsion testiculaire (un « entortillement » du cordon contenant les veines et artères qui irriguent le testicule) qui doit être prise en charge rapidement. Il n’est donc pas inutile de rappeler l’importance de porter une coquille dans les sports de combat ou d’autres disciplines.

Pour que ne reste que le plaisir, protégeons-nous…


*Pour en savoir plus, relire l’interview de la docteure Bernadette de Gasquet parue dans le Sport et plein air d’octobre 2019.


 
Sport, dopage & sexualité, attention dangers !

Sport et sexualité font souvent bon ménage, mais l’usage de produits dopants lors de la pratique sportive peut avoir des conséquences terribles sur ce terrain... Chez un homme, la prise d’anabolisants est par exemple susceptible de provoquer un cancer de la prostate, une diminution de la production de spermatozoïdes, un trouble de l’érection et/ou une infertilité. « Jusque-là, on connaissait la liste à rallonge des effets secondaires de ces produits », indiquait Libération dès 1998. « Anomalies hépatiques (au foie), tumeurs rénales, infarctus aigu du myocarde. Alors envisagé, le lien entre stérilité et stéroïdes est désormais prouvé. » Loin de se limiter à l’élite et aux sportifs et sportives professionnel·les, la consommation de ces produits s’est malheureusement généralisée aux amateurs et amatrices... Évidemment, le dopage affecte également la stérilité des femmes et, dans une thèse publiée en 2007 (« La stérilité féminine : prise en charge actuelle en France »), la docteure en pharmacie Hélène Barillier notait qu’un « antécédent de dopage par diverses substances (parfois inconnues par la sportive elle-même !), mais surtout par des androgènes, entraîne un déséquilibre hormonal qui peut être définitif ». Le précédent historique en RDA avait d’ailleurs permis d’en avoir une perception massive... « Le dopage en Allemagne de l’Est était systématique, mais il concernait surtout les jeunes nageuses, dès l’âge de 10 ans » racontait le spécialiste du sujet Jean-Pierre de Mondenard dans une interview accordée à Télérama en 2014. « Les athlètes n’étaient pas informées de ce qu’elles prenaient. C’était des boissons, des pilules multicolores pour les plus jeunes, toujours présentées sous le vocable de “ vitamines ”. Un grand nombre de sportives est-allemandes qui ont pris des hormones sur un long terme sont d’ailleurs devenues stériles. »

 

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