PSF 2025 : bilan & questionnements
- La rédaction
- 1 juil.
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Dernière mise à jour : 3 juil.
Moins impactée que d’autres fédérations sportives, la FSGT s’interroge néanmoins sur la baisse de l’enveloppe allouée par l’ANS...

Chaque année, l’ANS (Agence nationale du sport) attribue une enveloppe financière aux fédérations afin qu'elles puissent mettre en place un PSF (projet sportif fédéral) et augmenter leur nombre de pratiquant·es. Cette enveloppe est ensuite répartie par la fédération sportive entre ses clubs et ses structures déconcentrées qui en font la demande et qui organisent des actions entrant en cohérence avec le PSF. L’objectif affiché par l’ANS est de « mettre les fédérations au cœur de leur projet de développement en leur donnant la possibilité de décliner au plan territorial leur stratégie fédérale ».
Participer au déploiement des politiques publiques du sport
Pour 2025, le budget alloué par l’ANS aux projets sportifs fédéraux des fédérations a connu une baisse de 7 %, passant de 75 millions d’euros à 70. Pour en bénéficier, les fédérations sportives doivent mettre en place un PSF participant au déploiement des politiques publiques du sport au regard de différents enjeux sociétaux et environnementaux : l’inclusion par les activités physiques, la féminisation de la pratique sportive, l’accès aux responsabilités et à l’encadrement, le développement des actions en faveur de la pratique parasportive, la lutte contre toutes les formes de violences dans les activités physiques, l’accession territoriale au sport de haut niveau, le sport-santé et l’adaptation des pratiques sportives face au changement climatique.
Baisse de l’enveloppe « bonifiée »
Le montant attribué à chaque fédération a été défini suivant l’évaluation des projets sportifs fédéraux de chacune d’entre elles. Cette évaluation pouvait entrainer une baisse inférieure ou supérieure aux 7 % de la baisse globale, et, pour la FSGT, l’enveloppe attribuée par l’ANS s’est élevée à 709 000 euros (contre 752 800 euros en 2024). Cela correspond à une diminution de 43 800 euros (- 5,82%), soit une baisse « bonifiée » par rapport à la moyenne générale annoncée. Timothée Brun, gestionnaire de projets de développement territorial et en charge du suivi du PSF à la FSGT, explique que cette diminution, parmi les plus basses des fédérations, s’explique par le fait que la FSGT fait figure de « bonne élève » par la qualité de sa gestion et celle des actions mis en place. Et si le projet sportif fédéral de la fédération et tout ce qui en découle localement sont reconnus, c’est essentiellement parce que « la FSGT n’a pas eu à se dénaturer pour entrer dans les clous », précise Timothée Brun. « Les actions valorisées par l’ANS sont présentes par essence au sein de la fédération ». En effet, les comités départementaux et régionaux et les clubs mettent simplement en avant ce qu’ils font déjà, ils n’ont pas eu à se réinventer pour la subvention. Au total, pour la FSGT, 195 demandes ont été reçues en 2025, dont 22 issues de comités départementaux, sept de comités régionaux et 166 de clubs (parmi lesquels des associations de La Réunion et, pour la première fois, de Guadeloupe). Ce sont 30 demandes de plus que l’an passé. Cette augmentation trouve sûrement son explication dans la forte diminution des aides financières attribuées aux clubs par les collectivités territoriales, les obligeant à diversifier leurs demandes de subvention.
Beaucoup de changements
Le PSF a remplacé les dispositifs de financement pilotés par l’ancien CNDS (Centre national du développement du sport). Cela a amené beaucoup de changements, des bons et des mauvais. Tout d’abord, il convient de souligner le fait que les fédérations sont désormais impliquées dans l’attribution des subventions à leurs clubs et leurs comités. Ce processus est forcément positif sur le principe, les mécanismes de décisions sont connus et maîtrisés. Cependant, derrière cette ambition de donner plus de pouvoirs aux fédérations, il y a surtout un désengagement de l’État puisque l’attribution du CNDS dans les territoires était initialement gérée par ses organes déconcentrés. Et si la FSGT a reçu des moyens pour un poste au niveau national en lien avec le PSF, elle n’en a pas reçu pour soutenir tout le travail mené par les CTI (commissions territoriales d’instruction) prises en charge par des bénévoles et des salarié·es de ligues et de comités qui ont, de ce fait, vu leurs missions de travail évoluer. D’autre part, si, sur le papier, les fédérations ont la main sur l’attribution de leur enveloppe, en réalité, elles sont loin d’être totalement libres, car le cadre fixé par l’ANS est bloquant pour plusieurs raisons. En premier lieu, les seuils fixés : trois actions maximum pour les clubs et quatre pour les comités, avec une demande minimale de 1 500 €. L’objectif affiché est de lutter contre le saupoudrage. En réalité, cela limite l’accès à la subvention des plus petites structures en privilégiant les gros projets aux ramifications multiples. Mais le principal changement est surtout que, si le CNDS était basé sur des projets, il accordait également une part importante au fonctionnement de la structure. Or, avec le PSF, le modèle est désormais exclusivement celui de l’appel à projet, ce qui constitue un changement de paradigme. Les clubs s’adressent à la FSGT comme ils pourraient s’adresser à n’importe quel autre financeur. Par exemple, une association doublement affiliée, et dont l’essentiel de l’activité se fait sous l’égide d’une autre fédération, peut postuler au même titre qu’un club très impliqué dans la FSGT. L’important est que leur projet entre dans le cadre et les priorités fixées par l’ANS. Cela nous amène donc à nous poser les questions suivantes : « qu’est-ce qu’un club ? » et « qu’est-ce qu’une fédération ? ». Variables d’ajustement d’un modèle économique qui s’effondre et qui, pour survivre, préfère s’attaquer aux biens communs plutôt qu’aux bénéfices démesurés des actionnaires, les services publics sont réduits à peau de chagrin. Mais il faut bien trouver de nouveaux relais, car les besoins, eux, sont toujours là. C’est là qu’interviennent les fédérations et les clubs, qui sont devenus des bras armés de l’État à mesure que celui-ci se désengageait. L’association qui souhaite bénéficier de subventions est de plus en plus perçue comme un prestataire de services sur des axes identifiés et la fédération comme un opérateur distribuant les subventions.
Marge de manœuvre limitée
Comme l’explique Timothée Brun, « pour se prémunir contre les clubs qui viendraient à la FSGT uniquement pour candidater aux subventions du PSF, nous avons dû fixer quelques règles : quinze licences minimum et deux ans d’affiliation ». Mais cela n’empêche pas les abus face auxquels la marge de manœuvre de la fédération est limitée puisque les refus, si les associations entrent dans le cadre fixé, doivent être clairement justifiés vis-à-vis de l’ANS. Alors la FSGT, même si le cadre de l’appel à projet est bloquant, a pris le parti de l'accompagnement de ses clubs par les CTI et de ses comités et ses ligues par une commission fédérale d’instruction. Face à cette conception de demandes de subventions qui pousse les associations à voir leur fédération comme une simple opératrice et en oublier le sens de l’adhésion, la FSGT fait le choix, autant que possible, du soutien et du lien dans la constitution de leur dossier. Elle utilise ce PSF pour faire vivre son projet associatif. Enfin, la FSGT est aujourd’hui reconnue par l’ANS, en témoigne l’enveloppe qui lui a été attribuée cette année, parce que, comme nous l’avons déjà dit plus haut, les priorités fixées par l'Agence nationale du sport sont au cœur du projet de la fédération depuis sa création. Hormis l’accession au haut-niveau, la FSGT est en tête de peloton et même une précurseuse dans beaucoup d’actions en lien avec ces thématiques. Mais qu’en sera-t-il demain ? Qu’en sera-t-il si l’État poursuit son désengagement et que l’enveloppe attribuée, même aux « bons élèves », continue de diminuer ? Qu’en sera-t-il si l’extrême-droite parvient au pouvoir et décide, à l’instar de Donald Trump aux Etats-Unis, de mettre fin aux crédits alloués à l’inclusion de toutes et tous, si chère à la FSGT ? La fédération a su s’emparer du PSF afin d’en faire un atout pour elle et pour ses clubs. Mais, le contexte actuel l’oblige à rester lucide et combative sur les enjeux à venir, tout en travaillant, comme elle le fait actuellement, sur son modèle économique et inciter ses clubs à en faire de même.
Thomas Valle
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