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Réfugié·es l Le sport, cet outil si précieux

Dernière mise à jour : 21 mars 2023

En France, l’accueil des réfugié·es constitue un enjeu important. Et encore plus aujourd’hui compte-tenu du climat politique délétère qui règne dans le pays... Or, le sport, et notamment le sport associatif et local, s’avère être un moyen indispensable pour les aider à se reconstruire et à s’intégrer dans la société.

Tournoi de volley-ball organise par le Comité FSGT de Paris en décembre 2021. © Kabubu


À propos des réfugié·es, le vocabulaire des politiques et des médias français laisse régulièrement entendre un raz-de-marée qui menace notre sécurité. « Invasion » ou « vague migratoire » sont des termes malheureusement fréquents sur les plateaux télés, et il faut souvent une tragédie, comme ces 27 personnes tuées lors du naufrage d’une embarcation à destination de l’Angleterre le 24 novembre dernier dans la Manche, pour se souvenir qu’il s’agit d’abord d’êtres humains…


La FSGT connaît bien le drame de ceux et celles qui tentent de traverser les frontières pour l’Europe. Certains de ses militant·es les secourent par exemple dans les Alpes à travers des maraudes solidaires (voir la vidéo La grande maraude solidaire sur Youtube via la chaîne « FSGT sport populaire »). Mais, au-delà de leur arrivée, il reste la question de leur accueil et de leur intégration dans le pays dans lequel ils ou elles finissent par se poser. Et le sport, langage universel, occupe dès lors souvent une fonction essentielle, sinon première, dans leur insertion...


Les histoires d’athlètes de haut niveau sont d’ailleurs souvent citées en modèle. Rappelons déjà le parcours de Roxana Maracineanu, actuelle ministre déléguée chargée des Sports, ayant fui, avec sa famille, la Roumanie en 1984. Autre trajectoire symbolique : celle du footballeur international tricolore Rio Mavuba, né la même année sur un bateau rempli de réfugié·es angolais·es. Enfin, plus récemment, notons la belle histoire de Nadia Nadim, exilée afghane, footballeuse au Paris-Saint-Germain, et désormais médecin ou celle de Mudasir, ancien visage de la « jungle de Calais » qui entame maintenant une carrière de coureur à pied du côté des Pyrénées-Orientales.


Mais il n’y a pas que les « pros ». Dirigeant le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies, Filippo Grandi explique ainsi que le « sport pour les enfants, en particulier ceux qui sont déplacés, est vital. Il aide à restaurer l’enfance et apporte un semblant de normalité dans la vie, déjà brisée, de ces jeunes. Pour les enfants réfugiés, les activités sportives constituent un espace sûr dans lequel ils peuvent guérir, grandir et se développer. »


Probablement conscient de cela, le Conseil de l’Europe a notamment promu le projet « Aspire » pour aider et améliorer l’accueil des réfugié·es dans les clubs sportifs et l’Olympic Refuge Foundation, lancé en 2017 par le Comité international olympique (CIO), vise, lui, à améliorer le bien-être et l’inclusion sociale de jeunes exilé·es dans six pays via des programmes sportifs.

Place à l’accueil local...

En février 2021, une convention signée entre l’Olympic Refuge Foundation et le ministère français chargé des Sports, a été l’occasion, pour la ministre d’affirmer être « convaincue que le sport est un puissant levier d’intégration et d’émancipation » et « fière aussi que (...) le gouvernement français travaille main dans la main avec la fondation du CIO pour venir au soutien (…) des migrants et des réfugiés accueillis sur notre territoire. »


Les collectivités et les associations de soutien et d’accueil aux exilé·es nuanceront sûrement le tableau d’ensemble car, malgré les quelques exemples cités ci-dessus, les diverses institutions internationales et nationales n’insèrent que trop faiblement les activités physiques et sportives dans leur logiciel politique à destination des réfugié·es, et tout se joue vraiment au niveau local.


En Loire-Atlantique, le Conseil départemental propose ainsi des stages multi-sports mêlant des collégien·nes et des mineur·es exilé·es, avec pour ambition d’orienter ces dernier·ères vers des clubs de basket, de rugby et de volley. Louise Pahun, conseillère départementale d’un canton de Nantes, estimait dans La Gazette des communes (17/09/21) que pour ces jeunes « qui ont traversé des épreuves difficiles et marquantes, le sport est un espace de réassurance, de créations de liens. On constate qu’ils retrouvent un équilibre, prennent confiance en eux et acquièrent une autonomie. »


De son côté, la nouvelle municipalité de Strasbourg (Bas-Rhin) a initié un vaste plan d' « inclusion par le sport ». Tournant autour de trois axes - rouler, nager et bouger - il s’appuie sur des associations d’entraide et d’accueil des réfugié·es et cible, cette fois, surtout les femmes.

Parfois, ce sont les premier·ères concerné·es qui sont les acteur·rices d’initiatives. On pense au cas du cricket qui doit son renouveau chez nous à l’arrivée d’exilés pakistanais et afghans et notamment au sein de l’US Égalitaire (encore à Strasbourg) où l’un d’entre eux, Zazai, anime une section. Histoire qu’il raconte dans Liberté, ma dernière frontière (éd. L’archipel), un livre autobiographique sorti à la fin du mois de janvier.


L’histoire de la FSGT se confondant « avec celles des exilés fuyant la guerre et la misère », l’accueil de réfugié·es dans les activités sportives et leur implication dans la vie associative « constituent l'identité de la Fédération », affirmait Antoine Petitet, un des coordonnateurs de la Fédération, en 2021.

« Des clubs et des comités ont ouvert leurs créneaux de pratique pour permettre à ces populations, souvent jeunes, de trouver un peu de réconfort et des repères pour reconstruire leur vie après l'exil. Pour certains, la licence FSGT constitue le premier document administratif français " officiel ". »

Et les illustrations concrètes ne manquent pas… À Toulouse (Haute-Garonne), le Sporting club nord-toulousain, affilié à la FSGT, s'implique par exemple aux côtés de SportIS, une association de solidarité internationale et de coopération par le sport qui œuvre à la fois en France et à l’étranger. Cela bouge également du côté des Pyrénées-Atlantiques, et à Paris existent, entre autres, Melting passes, une association sportive pour jeunes déplacés isolés (un documentaire leur étant consacré et intitulé Just Kids avait d’ailleurs été diffusé sur la chaîne Canal+ en 2018), ou la Team Autremonde, une équipe qui permet à des réfugié·es de venir jouer au football et qui avait été mise à l’honneur dans la vidéo Les 5’ de la FSGT confinée #4 sur la chaîne Youtube « FSGT sport populaire ».


… et parole aux concernés !

La synergie entre les valeurs du sport populaire et l’insertion d’exilé·es se retrouvent dans d’autres initiatives réalisées dans la capitale. Et pour compléter ces actions, la FSGT 75 a mis en place le projet Paris-Sport-Réfugié·es depuis plusieurs années. « Nous organisons évidemment des activités en football, mais aussi désormais en volley et en escalade avec l’aide et la coopération de nos associations », expliquent d’une même voix Laurent Moustard et Elvire Pineda, respectivement chargé de développement et service civique au comité.

« Il s’est même récemment déroulé une initiation croisée entre la grimpe et le cricket ! »

Notons que Paris-Sport-Réfugié·es a été retenu pour faire partie d’un nouveau programme d’inclusion par le sport des exilé·es porté par le ministère chargé des Sports et l’Olympic Refuge Foundation. Avec un budget d’1,3 million d’euros, il a débuté le mois dernier...


Les clubs et les associations s’activent pour intégrer les déplacé·es par le sport, mais qu’en pensent enfin ces derniers ? « Je suis arrivé en France à l’âge de 15 ans sans parler un mot de français et c’est grâce à mon entraîneur de football que j’ai pu m’intégrer », répond Owusu Tufuor, adjoint aux Sports de la ville de Strasbourg et originaire du Ghana, toujours dans La Gazette des communes. Selon lui, « il faut remettre en avant le sport comme lien social, comme vecteur de citoyenneté, et même d’accès à l’emploi. Il faut à tout prix que le sport redevienne inclusif. »


Mady, jeune réfugié afghan ayant découvert les joies du plein air dans les Pyrénées-Atlantiques via l’association SolidariSports fondée par le comité départemental FSGT, confirme ce mécanisme vertueux :

« J’aime la randonnée, l’escalade et la montagne me permet de me changer les idées. Cela fait deux ans que j’ai commencé, et grâce à cela, je connais désormais beaucoup de personnes en France. »

Originaire du Mali et arrivé dans l’Hexagone en 2018, Djibi a, lui, découvert l’athlétisme à Paris grâce à l’association Kabubu. « Je cours chaque soir, et cela me permet de prendre soin de ma santé et de rencontrer du monde, et pas que des réfugiés », précise-t-il.

« C’est important pour m’insérer et pour me sentir bien en France. »

Qui oserait le contredire ?

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