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Paris 2024 I Des gagnant·es... & des perdant·es !

Dernière mise à jour : 26 avr.

Les JOP de Paris 2024 n’ont pas encore commencé. Mais on sait déjà qui seront les grand·es gagnant·es, et les grand·es perdant·es, de cet événement…

 

Les réfugié·es : perdant·es !

 

Faire place nette est une constante des villes qui accueillent les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024. Dans la capitale, les premier·ères ciblé·es sont les réfugié·es qui dorment dehors... Depuis avril 2023, les autorités procèdent régulièrement à des « mises à l'abri », ou plutôt un « nettoyage social » selon les ONG. Selon les chiffres officiels cités par Franceinfo le 13 février dernier, près de 3 000 personnes ont déjà transité par l'un des dix sas d'accueil aménagés en province. « L'envoi en sas est censé se faire sur la base du volontariat, mais c'est "soit tu vas là-bas, soit tu restes à la rue" », souligne Paul Alauzy, coordinateur chez Médecins du monde et membre du collectif Le Revers de la médaille. Chargée de veiller au respect des libertés et des droits des citoyen·nes, la nouvelle défenseure des droits s'est d’ailleurs récemment saisie de cette question.

 

La Seine-Saint-Denis : gagnante, mais…

 

Pour rattraper l’énorme retard dont elle pâtit, tant au niveau des infrastructures qu’en moyens humains, la Seine-Saint-Denis était le département qui attendait le plus des JOP. De nouveaux équipements sont sortis de terre, le centre Aquatique olympique à Saint-Denis par exemple, mais les clubs sportifs du département craignent que cela ne suffise pas. Une inquiétude partagée par les élu·es. Le 16 septembre dernier, neuf communes de l’établissement public territorial Est Ensemble ont soutenu une résolution, émanant du Collectif permanent pour la défense et la promotion de l’EPS et du sport associatif dans le 93, qui demande au gouvernement un plan de financement massif.

 

Les étudiant·es : perdant·es !


Illustrations © Paul Burckel

Un dossier qui a fait tache. En Île-de-France, des étudiant·es hébergé·es par le centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) vont devoir laisser leurs chambres durant les JOP. Plus de 3 000 logements seront en effet réquisitionnés pour accueillir le personnel des JOP pendant la compétition. Il est vrai que le CIO manque cruellement de moyens… En compensation, une indemnité de 100 euros et deux places pour assiter à des épreuves des Jeux ont été offertes aux expulsé·es. Et ils/elles osent se plaindre ?

 

Les travailleur·ses : perdant·es pour le moment

 

À la RATP et à la SNCF, les menaces de grèves lors des JOP planent toujours. L’objectif est d’obtenir de meilleures conditions de travail, mais cela n’a pas empêché le sénateur centriste Hervé Marseille de déposer une proposition de loi visant à permettre « au gouvernement de prévoir chaque année des périodes de quinze jours maximum au cours desquelles il pourra interdire les grèves pour les personnels des services publics de transports ». Concernant les fonctionnaires, « il faut que le gouvernement prenne la mesure du défi social des Jeux et prenne les décisions à la hauteur », alertait Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, sur Franceinfo en mars dernier. Si des primes ont été annoncées pour ceux et celles dont la présence sera indispensable pendant la préparation ou le déroulement de Paris 2024, le syndicat a finalement déposé des préavis de grève courant du 15 avril au 15 septembre dans la fonction publique. Ayons enfin une pensée pour les ouvriers accidentés sur les chantiers des Jeux...

 

Le CIO : toujours gagnant…

 


« Parfois, la vie n’est pas si compliquée que l’on veut bien le dire. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer les acteurs de la préparation de Paris 2024. Un problème - exceptionnel, bien entendu - pour boucler un budget ? Pas de souci, on appelle au secours la sphère des acteurs publics. » En mars dernier, Le Monde résumait fort bien l’incapacité de l’État et des collectivités locales à dire « non » au comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) et au CIO. Ce dernier, association sans but lucratif dont le budget pour des olympiades avoisine les six milliards d’euros, bénéficie pourtant du régime fiscal des grands événements sportifs, instauré en 2014, qui l’exonère de tout impôt ou presque. Quant aux dirigeant·es du Cojop, comme l’a révélé l’émission Complément d'Enquête (France 2), fort loin du dévouement « gratuit » des 45 000 bénévoles, ils/elles touchent entre 150 000 et 300 000 euros par an.

 

Les usager·èrs des transports : perdant·es pour le moment

 

L’enfer. Entre les travaux permanents et les difficultés de fonctionnement quotidien, les transports en commun franciliens ont des faux airs de Pandémonium ces dernières années. Parmi le fameux héritage des JOP vanté à longueur de temps par le gouvernement, cette dimension n’est pas la moindre, et forcément celle qui est la plus scrutée. Officiellement, cette période douloureuse sera compensée par une amélioration du réseau qui comprendra la création du « CDG express », entre la gare de l’Est et l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, en 2027, de la ligne 15 sud (fin 2025), des lignes 16 et 17 en 2026 et le prolongement du RER E vers l’ouest. Mais est-ce que le recrutement du personnel suivra ? Et est-ce que le prix des tickets, décidé par IDF Mobilités et donc la région, continuera de s’envoler ? Dans tous les cas, les salarié·es dont les demandes de télétravail durant les Jeux auront été refusées vivront probablement un calvaire dans les transports en commun…

 

Le service public du sport : pas encore gagnant…

 

La France deviendra-t-elle une nation sportive ? Et, surtout, son service public du sport sortira-t-il renforcé des JOP afin de permettre un meilleur accès aux activités physiques et sportives ? Ce dernier point a été le grand raté des Jeux de Londres 2012, si souvent vantés pour leur réussite économique, mais qui n’ont eu aucun effet, au contraire, sur la pratique de la population. La France semble malheureusement partie sur les mêmes bases, car le gouvernement vient de lancer un plan d’économie de près de dix milliards, dont « 50,5 M€ concernent le budget du ministère des sports », détaillait La Gazette des communes (23/02/24).

« Soit 6,2 % de ses crédits qui financent notamment la construction et la rénovation d’équipements et encore des dispositifs. »

En février, Le Monde ajoutait que « ces 50,5 millions d’euros d’économies à réaliser vont venir quasi annuler l’augmentation des crédits pour les politiques du sport sur laquelle le ministère avait beaucoup communiqué à l’automne 2023 ».

 

Les bouquinistes : perdant·es, puis sauvé·es



Ce fut un des combats les plus médiatisés. Les bouquinistes des bords de Seine, décor touristique incontournable de la capitale, devaient déménager ou fermer le temps des JOP. Le 13 février, l’Élysée a finalement annoncé qu'ils/elles ne seraient pas déplacé·es. Une bien belle victoire du livre sur les anneaux. Comme le racontait le regretté Tai-Luc, bouquiniste et ancien chanteur du groupe punk La souris déglinguée, dans la revue Politis en février dernier :

« Un livre est une entité vivante, éternelle. Un livre qui vaut la peine, bien entendu. Il nous regarde. Il nous accueille. Nous disparaissons. Il reste. Je n’achète que les livres que j’aime. Je ne vends que les livres que j’aime. J’aime les bords de Seine, malgré la pollution. Une brise du fleuve monte dans les narines. C’est le bonheur. »

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